Réflexion sur les Stratégies de développement de la Diaspora Guinéenne

L’objectif principal de ce document est d’amorcer une réflexion sur la situation des citoyens guinéens vivant à l’étranger, en vue d’aider le Département ministériel concerné à créer ou améliorer le cadre leur permettant de jouir pleinement de leurs droits en tant que Guinéens, et de s’impliquer effectivement dans le développement de la Guinée.

Au lendemain de l’élection du Pr. Alpha CONDE à la magistrature suprême de notre pays, la République de Guinée a marqué dès janvier 2011 son retour dans le concert des nations démocratiques. Cette ouverture du pays est de nature à renforcer les libertés fondamentales des citoyens, notamment celle de se déplacer librement vers les autres pays partenaires ou non. On s’accorde aujourd’hui à reconnaître que les guinéens de l’étranger désignés ici sur le vocable «diaspora guinéenne» contribuent dans une part importante au processus de développement social, économique, et culturel de la Guinée.

Les axes de réflexion proposés dans la présente réflexion devrait aider d’une part à soutenir l’engagement du gouvernement vis à vis de la diaspora ; et d’autre part, à présenter des idées qui devraient concourir à appuyer les actions de développement entreprises par la diaspora guinéenne.
Transfert de compétences à travers les ressortissants guinéens

La formation et le développement des ressources humaines constituent l’un des facteurs indéniables du développement d’un pays. De nombreux guinéens, hautement qualifiés sont employés dans le monde. A ce jour, leurs compétences ne sont pas mises au profit de la jeunesse guinéenne alors qu’au même moment l’Etat débourse des sommes faramineuses pour faire venir des formateurs expatriés. Cette situation n’est pas de nature à encourager l’implication ou le retour des « Cerveaux» vers le pays d’origine. Il s’avère donc nécessaire de réfléchir aux modalités de mise en place d’une politique de transfert de compétences qui permettrait à ces hauts cadres guinéens de mettre périodiquement à la disposition des jeunes de leur pays leur savoir et leur savoir-faire acquis dans leur pays d’adoption. Cette action pourrait faire l’objet de programmes de coopération culturelle avec des institutions comme la Banque Mondiale (BM), l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) et autres institutions de coopération au développement en Guinée. Cette politique serait une réponse possible à la problématique de la qualification des ressources humaines guinéennes.

Aide au rapatriement de dépouille mortelle

Reconduire une dépouille dans son pays d’origine coûte extrêmement cher (8000 à 12.000 Euro). Faute de moyen, de nombreuses dépouilles de guinéens sont incinérées à l’étranger, contrairement à nos valeurs religieuses et à nos traditions ancestrales. Ce problème crée aujourd’hui de lourdes charges aux structures associatives des guinéens de l’étranger qui doivent prendre intégralement en charge les frais de rapatriement de dépouilles des guinéens de l’étranger. La conséquence de ce phénomène est que les associations guinéennes de l’étranger dépensent énormément d’argent et de temps qui auraient pu être consacrés à des projets de développement.
En effet, une stratégie d’aide devrait être planifiée pour le rapatriement de dépouilles des guinéens de l’étranger. La signature d’une convention entre le gouvernement guinéenne et NSIA-Guinée ne semble pas trouver un bon terrain d’application. La prise en charge totale ou partielle par l’Etat du rapatriement de dépouille permettrait d’éviter l’incinération des corps des guinéens et également la diaspora pourra économiser de l’argent pour financer ou réaliser les actions de développement en Guinée.

Politique de protection des guinéens de l’étranger

C’est un devoir régalien de l’Etat de toujours défendre et protéger ses citoyens. Dans le passé, la légèreté de cette politique de protection a fait que certains guinéens de l’étranger ont préféré prendre d’autres nationalités censées garantir leurs droits. C’est pourquoi, aujourd’hui, certaines personnes d’origine guinéenne renoncent à leur nationalité. Ainsi des initiatives de coopération dans le domaine de la migration devraient être prises par l’Etat à travers des traités, des protocoles d’accords ou des conventions avec les autres pays partenaires en vue de garantir à la diaspora guinéenne des conditions d’épanouissement en tant que ressortissant dans les pays d’accueil.

Politique de réinsertion des rapatriés

Chaque année une dizaine de guinéens, parfois même plus sont rapatriés vers leur pays d’origine. Le plus souvent ces rapatriés guinéens, une fois de retour sont discriminés et exclus de la société. Il faut accorder une attention à leur situation en mettant en place une politique de réinsertion sociale, professionnelle, économique voire même culturelle. Pour atteindre cet objectif, l’Etat doit créer une structure d’appui à la réinsertion des rapatriés guinéens en situation difficile. Cette structure d’appui, une fois créée, une large information devrait en être faite en vue d’atteindre cette couche souvent traumatisée. La Signature avec certains pays industrialisés de conventions devrait être envisagée pour appuyer des processus comme le rapatriement volontaire ou l’aide au retour. Dans beaucoup de cas de rapatriement des guinéens, les victimes perdent souvent l’intégralité de leurs biens et avoirs laissés dans le pays de séjour. La récupération de ses biens constitue un problème sérieux pour les victimes du fait qu’il devient persona non grata dès lors qu’un acte d’expulsion a été pris à leur encontre. L’Etat guinéen devrait s’investir dans l’accompagnement juridique de ses guinéens pour les aider à faire valoir leur droit légitime d’accéder à leur bien légalement acquis et qui souvent peuvent être d’une grande valeur économique et financière. Le cas de «DIALLO CRAVATE» au Congo Kinshasa est assez illustratif.

Accès à l’information concernant les emplois publics pour les professionnels guinéens vivant à l’étranger

Une stratégie devrait être pensée en ce qui concerne l’accessibilité de la diaspora aux emplois publics. Il y a bon nombre de guinéens souvent hautement qualifiés qui vivent à l’étranger et qui souhaiteraient, en cas d’opportunité d’emploi intéressante retourner dans leur pays. Mais fort malheureusement aucune politique systématique et rationnelle de recrutement de la diaspora n’est envisagée par l’Etat. Bien que dans les discours politiques, cette volonté apparaît. Dès lors cette Diaspora professionnellement qualifiée et civiquement prête à faire ses preuves se sent mise à l’écart du processus de développement de la Guinée étant convaincue que le droit fondamental de l’égalité de chance à l’accès aux emplois publics ne leur est pas reconnu. Il y a donc lieu de prendre des mesures permettant à la Diaspora de participer aux offres d’emplois publiées à travers la mise en place d’un dispositif permettant l’accès à l’information.

(A suivre)

Moussa A. Camara/Expert Pédagogue social – Diakonie Allemagne

www.faceauxproblemes.org

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